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Nous sommes le 30 octobre, je quitte Castro subitement en voyant qu’un bateau pour Raul Marin Balmaceda part ce soir à 23h, juste un bus à prendre, 1h30 de route normalement, je prends mon billet pour 19h ça me laisse de la marge.
Je passe la journée tranquillement à l’hôtel et essaie finalement de prendre le bus de 18h… complet!
J’attends donc mon bus qui arrive à 19h15, normal. Le bus est blindé, une dizaine de personnes voyagent debout, il y a beaucoup de travaux sur la route et le trajet est d’une lenteur infinie…
Bien sûr je n’ai pas mon billet pour le bateau et le bureau de vente ferme à 21h, nous arrivons à 22h, je me rends tout de même au bureau de vente qui par chance est encore ouvert et achète mon billet… ouf!

L’intérieur du bateau est plutôt classe, les passagers voyagent dans une sorte de grande salle avec plein de sièges inclinables et plein de télés… ce soir c’est un grand débat sur les présidentielles, ça me permettra de travailler mon espagnol.
Le voyage se passe bien, je rencontre un Chilien qui fait un aller retour pour voir des saumons (beaucoup d’élevages par ici). J’essaie de suivre ce qu’il me raconte…!
Petite nuit de sommeil dans le bateau, au réveil c’est la tempête, le bateau est à l’arrêt devant un port attendant l’autorisation de continuer, j’ai d’abord cru que nous étions arrivés à ma destination mais non, nous n’arriverons qu’à 12h environ, le temps de rencontrer un couple de Français fort sympathiques qui voyagent depuis quelques mois et me donnent envie d’aller en Bolivie (entre autre!)

Arrivée sous la pluie, nous débarquons sur un quai avec 2 petits hangars… aucune maison à l’horizon…
Quand je dis nous, il doit y avoir maximum 10 personnes qui descendent ici! Je rencontre deux autres mecs qui vont également chez Thomas …
(Thomas est un hollandais vivant à 2/3 heures de kayak de Raul Marin, j’ai trouvé son contact avec le woofing et c’est une Japonaise vivant au Japon qui gère les personnes voulant y aller, simple non?)
Étrangement nous sommes trois à être arrivés le même jour, les 2 autres sont Germen (Un espagnol de 33 ans qui voyage en stop avec son chien) et Nathaniel (un américain de 24 ans commençant son voyage en Amérique du sud en travaillant dans des exploitations grâce au woofing).
Il ont l’air bien sympa et un peu cinglés, ça devrait être cool.

Il y avait des carabineros sur le quai à qui on demande s’ils ne connaîtraient pas un contact donné par Madoka (la japonaise), il nous l’amène quelques minutes après, sympa les flics ici!
Apparemment il peut nous emmener mais il a l’air embêté…
J’avais prévu de visiter un peu le coin avant d’aller rejoindre Thomas, j’abandonne donc mes compagnons et part à la recherche d’un endroit où dormir.
J’avance sur l’unique route, après quelques centaines de mètres j’aperçois une maison, je demande où est le centre quand je croise quelqu’un mais personne n’a l’air de comprendre ce que je cherche… après un moment je comprends que la ville est le regroupement des maisons qu’il y a autour de moi, les rues sont en sable et il y a quelques panneaux d’indication en bois.
Un encadré dans mon guide parlant de Raul Marin parlait d’un hôtel que je finis par trouver (c’est une maison assez grande avec quelques chambres à l’étage), la mère de famille m’accueille, je pose mes affaires et part me promener.

Une belle plage longe la ville, je m’y promène jusqu’à un ponton où un homme est en train de pêcher avec du fil enroulé autour d’une boîte de conserve, pas très bavard mais sympa.

(Photo de Germen, je ne retrouve pas toutes mes photos prises ce jour …)

Je continue pour revenir jusqu’au quai puis vers la pointe de l’estuaire, le lieu est paradisiaque, paysage de bout du monde.

Pendant ma promenade je cherche un pêcheur qui pourrait m’emmener chez Thomas (facile d’après les infos reçues de Madoka) mais c’est impossible, aucun pêcheur ne va là bas… je finis par trouver Jahime, un habitant qui possède un bateau qui peut me déposer chez Thomas pour 25 000 $ch … ok pas le choix!
(j’apprendrais plus tard que German et Nat on fait la même chose… j’aurais dû rester avec eux!

Le lendemain matin Jahime m’emmène comme prévu, petite balade en bateau dans la brume matinale et j’arrive enfin chez Thomas, agréable surprise : il parle bien français, autre surprise : il s’en va le lendemain !
Son campement est plutôt grand, ça ressemble à une caverne d’Ali baba à l’air libre, des tas d’outils sont entreposés par terre, il y a des tentes dispersées sur le terrain qui servent d’habitation et la pièce de vie principale est à l’image du reste, un grand bazar organisé!

La plage privée est plutôt sympa…!

Je retrouve Germen et Nat en train de couper du bois et moudre du blé et je m’attaque à mon premier travail : recoudre la tente qui me servira de chambre.
L’après midi nous commençons un nouveau projet, construire un barrage avec les pierres de la rivière ! (Pour dévier la rivière qui par érosion réduit le terrain de Thomas…)
Déplacer des grosses pierres dans une eau qui doit être à 12 ºC… c’est super drôle!
En fin d’après midi, je pars avec Thomas chercher des choritos (Les moules locales, énormes!)
Pour cela nous utilisons chacun une planche de surf avec 2 caisses en bois pour la récolte et nous pagayons jusqu’à l’île aux choritos.
Seuls au monde sur cette grande étendue d’eau entourée de montagnes, un dauphin vient nous saluer… Magique…!

Le lendemain, départ de Thomas qui s’en va tranquillement sur sa planche avec sa pagaie en bois fabriqué maison…

Deux ou trois heures pour rejoindre Raúl Marin, no problem!
Nous nous retrouvons seuls avec Bjorn, La vie ici est plutôt agréable, nous avons de l’eau à volonté grâce au rivières traversants le terrain, l’eau est chauffée par un système d’echange de chaleur avec les fumées de la cuisinière au bois et arrive de petits barrages créés sur une rivière quelques mètres plus haut avec une pression suffisante pour faire fonctionner un générateur d’électricité.
Nous manquons quand même un peu de verdure mais travaillons à créer des serres efficaces pour faire pousser des légumes. La création de stocks de bois est aussi une activité importante ici, je maîtrise le coupage de bûches maintenant!

Un soir nous avons la visite d’un Allemand qui veut créer une communauté dans un lieu sans hautes fréquences, Il ne supporte pas le wifi et fait attention à tout un tas de trucs, type produits chimiques dans les vêtements, aluminium… Il y a pas mal de vrai dans ce qu’il dit mais il semble un peu paranoïaque!
Sa mission est d’aller voir un lac six kilomètres au nord de chez nous (personne n’est probablement jamais allé là bas) pour voir si il ne serait pas possible d’y établir sa communauté… Il compte passer par une rivière accessible en kayak pour reduire la distance à traverser dans la jungle, la forêt ici est tellement dense qu’il est impossible d’avancer sans machette… Au final je fini par l’accompagner mais cette expedition fera l’objet d’un autre article…!

Quelques jours après mes compagnons s’en vont, avec le kayak de l’allemand…

Ils mettront prêt de trois heures pour rejoindre Raúl Marin avec un chien et deux gros sacs à dos!
L’allemand part quelques jours après et je me retrouve avec Bjorn.
Nous parlons anglais et il y a un bon livre d’espagnol en anglais ici, c’est plutôt efficace pour améliorer mon anglais et mon espagnol! Les jours passent tranquillement, avec beaucoup de pluie mais nous rentabilisons plutôt bien les beaux jours.

Une promenade en kayak et planche pour aller jusqu’au repère des phoques…

Quelques jolis oiseaux, des paysages toujours superbes et nos amis lobos marin!

Une expédition dans la jungle pour aller voir la vue depuis la montagne la plus proche, Bjorn avait déjà tracé un passage mais l’ascension reste tout de même sportive, il y a beaucoup de pente par ici et la forêt reste très dense.

Après environ trois heures d’ascension et un arbre à escalader, voici ce que nous découvrons,

Thomas à un bon stock de nourriture, auquel s’ajoutent les poissons et crabes que nous attrapons.
Nous avions également un peu de persil et une sorte de ciboulette pour agrémenter les delicieuses pizzas de Bjorn!
La création de pain est une activité essentielle et nous réalisons pas mal de variantes, pain complet, pain blanc, avec des raisins, de la cannelle, des graines… plein de bonnes choses!
Nous faisons aussi notre beurre de cacahuète maison (dont j’ai développé une adiction!)

Au bout d’une vingtaine de jours je me décide à partir, Jahime passe dans le coin pour un contrôle routinier des choritos, cette fois je ferais le voyage gratuitement :)
Le contrôle des choritos consiste à prélever des larves de choritos pour les analyser au microscope, un plongeur se charge des prélèvements (alimenté en air par un compresseur et un gros tuyau dans une eau à environ 12 ºC) Il ramène quelques coquillages que l’on mange avec du citron, délicieux!

Retour à la civilisation!